Petits et grand herbivores
Lièvres et lapins
Les lapins sont des petits mammifères qui vivent en groupe et creusent des terriers. Les lièvres, nettement plus grands et plus élancés, sont solitaires et nichent en plein air. Les deux sont herbivores et territoriaux (ils se déplacent autour de leur lieu de repos dans un périmètre défini qu’ils ne quittent que rarement). On les rencontre généralement dans les milieux ouverts, landes et garrigues.Un lièvre |
Un lapin de garenne |
Pour éviter cela, on peut par exemple veiller à maintenir dans le parc des espaces où les lapins peuvent loger, avec de la végétation et des branches basses pour cacher les entrées de terriers.
Dans un espace de garrigue, on peut laisser en place un certain nombre de genévriers et autres arbustes à branches basses afin de préserver des abris pour les lapins (©Les écuries du Grand Vallat) |
Le chevreuil
Le chevreuil est un petit cervidé grégaire mesurant de 62 à 67 cm de haut, pesant entre 10 et 30 kg, qui vit aux alentours des zones forestières mixtes (feuillus et conifères). Il mange des plantes, des feuilles d’arbres, des branches, des écorces, des glands, du lierre, des ronces,... : il ne mange donc pas en principe de céréales ni de foin, par contre il peut se servir dans les minéraux mis à la disposition de nos équidés !Un chevreuil |
Pendant une longue période de l’année, le mâle marque son territoire en se frottant aux arbres, ce qui peut devenir un problème lorsque les populations sont trop importantes, car ils nuisent à la pousse des chênes (2). Ses bois, caducs (qui tombent et son renouvelés chaque année) sont une source de minéraux pour les petits rongeurs tels que les écureuils.
Il peut transporter sur son pelage, sous ses pieds et dans son système digestif tout un ensemble d’éléments qu’il disséminera sur les zones qu’il traverse, comme des graines, des spores de champignons, des insectes,... mais aussi des parasites, notamment des tiques pouvant être porteuses de la maladie de Lyme, et des parasites intestinaux tels que les strongles notamment.
L’absence devenue quasi totale de ses prédateurs naturels (loup, lynx) le rend de moins en moins rapide et musclé, et a des conséquences sur la densité des populations, et c’est dans ce cas que sa présence, trop importante, peut devenir problématique. Actuellement seul le renard roux subsiste en tant que prédateur des jeunes individus, ainsi que les chasseurs qui doivent compenser l’absence des prédateurs qu’ils ont eux-mêmes éliminés, pour endiguer les populations grandissantes et les déséquilibres qu’ils engendrent.
Le cas (épineux ?) des sangliers
Les sangliers sont souvent considérés comme des “nuisibles” : ils sont à la faune sauvage ce que les “mauvaises herbes” sont au potager. Mais, tout comme on nous explique de plus en plus souvent que la notion de “mauvaise” herbe est très relative, peut-il en être autant de cet animal envahissant ?Un sanglier |
Une souille de sanglier dans un parc de chevaux (©Les écuries du Grand Vallat) |
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Un tas de crottins retournés par les sangliers dans un parc : les parasites se retrouvent à l'air libre et périssent. (©Les écuries du Grand Vallat) |
Mais tout cela est-il aussi néfaste qu’on le pense ? Des études (3) semblent montrer que les sols retournés par les sangliers ont une vie microbienne plus équilibrée, et que ces derniers participent à la diffusion des spores de champignons (essentiels à la vie du sol) et de plantes (4). En fait, il semblerait que leur présence devienne problématique à partir du moment où c’est l’homme qui a rompu l’équilibre naturel, en éliminant leurs prédateurs sauvages, en les nourrissant dans les forêts, voire en produisant des croisements avec des cochons d’élevage (les fameux “sanglochons” ou “cochongliers”). En d’autres termes, pour que la cohabitation avec les sangliers se passe bien, il faut (comme souvent) agir le moins possible !
Petits carnivores
Le renard roux
Le renard a un régime majoritairement carnivore, mais pas uniquement : il se nourrira de rongeurs (souris, campagnols, écureuils, etc.), de lapins, petits ongulés, grenouilles, oiseaux (passereaux, faisans, perdreaux) ou serpents, mais aussi d’insectes (coléoptères, sauterelles), de poissons, et de fruits (mûres, pommes, raisins, glands). Il est nécrophage à l’occasion, et globalement opportuniste : il mange ce qui se présente à lui en fonction des lieux et des saisons. Il lui arrive également de s’attaquer à des volailles d’élevage en profitant d’un enclos mal fermé (5).Ses grandes facultés d’adaptation en ont fait l’un des mammifères les plus répandus sur la planète.
Un renard roux |
Les principaux prédateurs de cet animal sont le loup, le lynx, l’aigle et le hibou grand-duc, qui s’attaquent surtout aux petits. Ils sont le premier vecteur de la rage en Europe (mais la maladie est quasi éradiquée en France). Ils sont également des vecteurs de puces et de tiques, et par conséquent des maladies qui vont avec (comme la leptospirose p.ex.). Le renard est en outre porteur de nombreux parasites intestinaux, dont certains peuvent se transmettre à l’homme par le contact avec les zones souillées d’urine ou d’excréments.
Le blaireau
Il s’agit d’un petit mammifère mesurant entre 20 et 30 cm de haut et pesant une douzaine de kg. Il vit en groupe rassemblé autour d’un grand terrier commun, avec des activités sociales de toilettage et de jeu, assez importantes, et son activité est nocturne.Un blaireau |
Par son activité de fouissage, le blaireau participe à la dispersion des graines dans le sol, et ses urines riches en azote fournissent des nutriments à la végétation (sureau, ortie, alliaire,...).
Traces de pattes de blaireau (©Les écuries du Grand Vallat) |
Le faucon crécerelle
Le faucon crécerelle est un petit oiseau de proie commun (environ 70 à 80 cm d’envergure). C’est ce petit rapace que l’on voit effectuer ce “vol battu” caractéristique, où il bat des ailes rapidement tout en restant stationnaire, guettant une proie au sol.Un faucon crécerelle |
Et les grands carnivores ?
Désormais peu présents sous nos latitudes, les prédateurs de taille supérieure tendent à revenir néanmoins peupler nos campagnes et permettent de rétablir un équilibre détruit par leur éradication. On a vu qu’en tant que prédateurs naturels de petits mammifères devenus envahissants tels que les renards ou les sangliers, ils permettent d’en limiter les débordements et donc les risques qui vont avec (maladies, destructions etc.). Mais peuvent-il s’attaquer à nos chevaux ? Quel est le risque de la cohabitation ?
Le lynx
Oui, le lynx est un animal qui fait partie de la faune sauvage naturelle des forêts françaises, après en avoir totalement disparu au XIXe siècle. Ce félin mesure environ 70 cm de haut pour une vingtaine de kilogrammes. On en trouve actuellement dans le massif du Jura et dans les Alpes, mais son territoire descendait initialement jusqu’au sud de la Provence.Un lynx |
Les lynx ne sont que très rarement porteurs de la rage, et souffrent moins des risques de maladies que de l’activité humaine : chasse, braconnage et trafic routier. Ses prédateurs naturels sont le loup et l’ours (7). Et même si l’espèce est aujourd’hui protégée en France et dans de nombreux pays, malgré tout le braconnage sévit toujours.
Le loup
Épineux sujet que celui du loup ! Probablement le premier animal domestiqué par l’homme, alimentant tous les domaines culturels et imaginaires humains (art, littérature, mythologie), il est progressivement passé du côté des “ennemis”, des “nuisibles” que l’on a d’abord éradiqués au XIXe siècle, puis protégés lors de leur retour à la fin du XXe siècle en comprenant qu’ils faisaient partie de l’équilibre naturel. Mais cette réapparition du loup gris ne se fait pas sans difficultés pour les humains qui avaient largement modifié leurs habitudes sans sa présence.Un loup |
C’est le prédateur naturel des brouteurs : chevreuils et sangliers, dont on a vu qu’ils avaient tendance à se surdévelopper en son absence, occasionnant des déséquilibres durables dans l’écosystème qui affectent tout aussi bien la faune que la flore (8). Le loup peut également attaquer des animaux d’élevage pour se nourrir : moutons notamment, et si le reste du troupeau ne fuit pas il va parfois se livrer à ce que l’on appelle le “surplus killing” qui consiste à tuer plus d’animaux qu’il n’en mange (9). Il peut arriver que des loups attaquent un humain isolé, néanmoins les cas sont extrêmement rares (10) ; d’une manière générale, les loups préfèrent s’attaquer à des animaux sauvages qu’à des animaux d’élevage (qui sont plus proches des humains), et le feront en général lorsque leurs besoins en nourriture ne pourra être assuré par la faune sauvage (11) (car la concurrence entre les deux espèces est réciproque : le loup peut s’attaquer au bétail humain, mais c’est l’humain par la chasse et la déforestation qui réduit les ressources naturelles du loup et le pousse à chercher ailleurs).
La concurrence entre les deux espèces mène où l’on sait : en 1940, le loup a totalement disparu de France et de presque toute l’Europe. Il réapparaît spontanément dans le Mercantour en 1992, et il a progressivement recolonisé tous les massifs jusqu’à s’implanter dans les Vosges en 2011.
Le loup peut-il s’attaquer à nos chevaux ? En théorie, cela peut arriver. Mais dans la pratique ça reste assez improbable, parce qu’un cheval constitue une proie de grande taille et que le loup aura tendance à préférer des proies sauvages, plus petites et plus lentes. L’attaque récente supposée d’un loup sur une jument dans les Basses Alpes reste un cas isolé, et la culpabilité du loup n’a pas encore été prouvée à ce jour.
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Notes et références
(1) Chritine Puech, Mortalités anormalement élevées chez le Lièvre d'Europe, en France en 2004 : en lien avec l'EBHS, Thèse de l'École Nationale Vétérinaire de Nantes
(2) Picot D., Bideau É., Hamard J.-P., Calatayud F., Ducousso A. & Ballon PH. (2006), "Impact du frottis de chevreuil sur le chêne sessile : premiers enseignements d’une expérimentation", in Revue Forestière Française 58(6) : 521-530
(3) Dirk Mohr, Lee W. Cohnstaedt & Werner Topp (2005), "Wild boar and red deer affect soil nutrients and soil biota in steep oak stands of the Eifel", in Soil Biology and Biochemistry 37(4) : 693-700
(4) Thilo Heinken, Marcus Schmidt, Goddert von Oheim, Wolf-Ulrich Kriebitzsch & Hermann Ellenberg (2006), "Soil seed banks near rubbing trees indicate dispersal of plant species into forests by wild boar", in Basic and Applied Ecology, 7(1) : 31-44
(5) Jean-Pierre Jost & Jost Yan-Chim. (2005), Le Renard: Aspect, comportement, urbanisation, Cabedita
(6) « Huit questions, huit réponses » [archive], sur http://www.pronatura.ch [archive], Pronatura
(7) Peter Jackson & Adrienne Farrel Jackson (1996), Les Félins : Toutes les espèces du monde, Turin, Delachaux & Niestlé, coll. "La bibliothèque du naturaliste"
(8) Cf. par exemple l’impact positif sur l’écosystème de la réintroduction du loup dans le parc de Yellowstone (Douglas H. Chadwick (2011), « Keystone Species : How Predators Create Abundance and Stability » [archive], sur motherearthnews.com, juin 2011), ou leur importance pour éviter la désertification de la steppe mongole (Jiang Rong (2008), Le totem du loup, Bourin).
(9) http://www.loup.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?rubrique14
(10) Les cas sont tellement rares qu’il existe au Canada une prime accordée à celui qui saura prouver une attaque de loup sur l’homme (Sabrina Prini (2002), "Loup et pastoralisme. Quel prix pour une cohabitation ?", Thèse vétérinaire, Université Lyon 1).
(11) Jean-Marc Landry, Le Loup : biologie, mœurs, mythologie, cohabitation, protection..., Delachaux & Niestlé : 183, 191
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